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  • Dans ma rue...

    Dans ma rue.

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    Dans ma rue

    Il y a un arbre fatigué.

    Abandonné, que personne ne regarde…

     

    Dans ma rue

    Il y a un homme couché

    Oublié que personne n’écoute…

     

    Dans ma rue

    Il y a un magasin fermé

    Devanture saccagée que personne ne nettoie…

     

    Dans ma rue

    Il y a ce bistrot du passé

    Des verres empilés que personne ne vide…

     

    Dans ma rue

    Il y a cette femme trop âgée

    Des rides creusées que personne ne caresse…

     

    Dans ma rue

    Il y a les années écoulées

    Ce chemin sans retour que personne ne remonte…

     

    Dans ma rue…

  • Un voleur de grand chemin.

    Un voleur de grand chemin.

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    C’est une drôle d’expression. Les grands voleurs se font souvent discrets. Ceux que l’on croise au détour d’un bosquet sont plutôt de pauvres bougres sans envergure.

    J’ai croisé l’autre jour un grand voleur, pourtant il ne payait pas de mine. Il ne risquait pas d’être sur un chemin. Il était assis seul derrière un écran d’ordinateur.

    En quelques clics il détroussait à l’autre bout de la terre des gens honnêtes qui en un instant perdaient leur travail et leurs économies.

    Le voleur ne marche plus avec ses pieds, il chaparde avec son cerveau.

    Les vrais chemins d’aujourd’hui sont virtuels et numériques.

    Un milliard par ci, un milliard par-là !

    Pas le temps de dire… 

    « La bourse ou la vie ! »

    Le vol est en nanosecondes !

    En lisant cette expression, j’en arrive à regretter les voleurs de pommes de Brassens…Et cela même s’ils ne suivaient pas toujours les chemins qui mènent à Rome.

    Il suffisait de tendre la jambe pour les faire trébucher.

    Nos voleurs de maintenant sont bien planqués.

    La seule chose qui me console, c’est que quand je marche sur un sentier de montagne, je n’ai aucune chance de les croiser…

    Mais au moment de mourir…Ils suivront le même chemin que moi…

  • La scène.

    La scène

    Art dramatique clr

    On nous demande souvent pourquoi faire de la scène

    C’est vrai en définitive, quoi de plus fou finalement

    Monter sur des planches, lancer des mots dans le vent

    Redescendre sous les applaudissements. A quoi ça mène ?

     

    C’est un art volatile, le mot déclamé, c’est déjà du passé.

    Nous sommes des rois de pacotille, des amants de placard

    Des méchants pour de faux, des gentils très exagérés

    La vérité est ailleurs, elle est là quand on retire nos fards.

     

    Il faut l’avouer, de cette adrénaline nous sommes drogués.

    Inventer des personnages, se faire peur là, devant vous

    Une seule explication qui tienne, nous voulons être aimés

    Notre mémoire des phrases, l’éternelle menace du trou

     

    Nous n’avons pas tous du talent, il faut en convenir

    Amateurs ou enfants débutants, comédiens confirmés  

    Une seule règle s’applique à notre art, s’en souvenir

    Rien n’est jamais acquis, il faut garder l’humilité  

     

    Parents confiez nous vos enfants, un bon placement

    Ils apprendront à rêver, à toujours se réinventer

    La scène est petite, mais pour tous ces garnements

    C’est un monde sans limites, des rêves illimités.

  • Drôle de rentrée !

    Drôle de rentrée.

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    La canicule fin août comme un frein à la rentrée.

    Des hommes politiques qui parlent dans le vide

    La terre tremble, comme une terrible banalité

    Planète fatiguée, bientôt que des terres arides

     

    Et puis prendre de la hauteur, beauté du Queyras

    Des torrents qui courent, un sentiment d’éternité

    S’arrêter sur un sommet, oublier tout ce fatras

    Là-haut, de notre temps on oublie la médiocrité  

     

    L’enfant est arrivé, il parait que je suis grand-père

    Hugo en a fait un recueil, je suis plus modeste

    Je me contente d’être là, poser ses repères

    La juste distance, trouver les bons gestes.

     

    Quel monde allons-nous laisser à ces enfants ?

    Tant de choses semblent parfois nous échapper

    Un temps qui chasse les Pokémons est terrifiant

    Mais qui fera demain remarcher les paralysés

     

    De quel côté penchera demain le balancier ?

    Retour en obscurantisme, femmes grillagées !

    Massacre pour des Dieux hypothétiques usés

    Prise de conscience de l’essentiel, avancer !

     

    Nous sommes tous victimes, bourreaux et acteurs

    Peu de choses pour chacun, retrouver nos émois

    Un effort, Il suffit souvent de poser les écouteurs

    Le pire n’est jamais certain, alors souriez-moi !

  • CANICULE

    Canicule…

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    Chaleur d’août, camisole immobilisante

    Avoir le temps de rester sous l’ombre

    Ne rien faire, juste s’aimer en douceur

    Ici le temps figé, ne bougent que les mirages

    Croire à l’été infini, oublier l’arrivée de l’hiver

    Une goutte d’eau glisse sur ton cou, trouble !

    La nuit aussi chaude, moiteur des corps

    Enfin demain, s’en ira cette compagne tueuse…

  • Jour de pluie.

    Jour de pluie.

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    Ce jour elle est seule. Ménage, repassage. Le temps se prête aux corvées. Les enfants ne sont plus à la maison et son mari a tendance à partir de plus en plus tôt et à rentrer plus tard.

    Vivre à la campagne était pour elle un rêve. Le rêve a du plomb dans l’aile. Elle manque parfois d’énergie pour sortir la voiture et parcourir la vingtaine de kilomètres jusqu’à la bourgade voisine…Et puis pourquoi faire. Une fois les quelques courses effectuées, elle n’a pas envie d’écouter les bulletins de santé de toutes les mamies du coin. Elle s’en veut de sa méchanceté.

    Elle ne peut pas rester à tourner en rond dans sa maison. Elle regarde le ciel dehors. Le temps est très gris. Pas très grave, elle va partir marcher. Cela ne la soigne pas de son spleen mais au moins cela lui fait faire de l’exercice. Elle attrape son manteau et c’est parti.

    Elle marche d’un bon pas. S’éloigne vite de sa maison. La petite route est déserte. Elle décide de faire le grand tour.

    Elle sait qu’un fois engagée elle en a pour plus de deux heures à travers les collines. Elle avance ! Pour éviter de ruminer elle marche vite. Elle regarde le ciel qui s’assombrit. Pourvu que le temps tienne. Elle est partie avec sa robe légère sous son manteau et elle a négligé de prendre son parapluie. Elle se maudit de sa légèreté. Une vraie gamine !

    Elle sait qu’elle est maintenant au point extrême de son circuit. Elle en a au moins pour une heure avant de retrouver son salon douillet.

    Quelques gouttes commencent à tomber…Elle accélère le pas…La pluie redouble. Elle est trempée. Elle tente de faire signe aux voitures mais avec la pluie qui la fait ressembler à un gros chien trempé, qui va bien s’arrêter.

    Plusieurs passent.

    Les plus sympas en s’écartant, d’autres en l’éclaboussant. Au point où elle en est… Elle baisse la tête et avance plus vite. La pluie glisse sur son corps. Elle sait qu’aucune parcelle de sa peau n’est sèche.

    Une nouvelle voiture la dépasse…Elle n’y fait plus attention. Elle ne réalise pas immédiatement que le véhicule s’est arrêté quelques dizaines de mètres devant elle. Elle voit d’un coup la porte conducteur s’ouvrir pour l’inviter à venir se mettre à l’abri.

    Elle devrait se méfier mais coure vers la voiture. Elle s’engouffre dedans. Quelle agréable surprise. Le conducteur n’est autre que Bernard.

    « Désolé j’étais dans la lune, je ne me suis pas arrêté tout de suite…Ferme vite la porte.

    Elle s’excuse auprès de lui de mouiller sa voiture…

    Bernard est le maire de leur village. Avec sa femme Jocelyne ce sont les seules personnes avec qui elle a noué des vrais liens d’amitiés ici.

    Il est étonné de la voir par un temps pareil si loin de chez elle…Elle doit avouer sa légèreté…Il rit en lui disant qu’il part aussi souvent sans parapluie. Il lui propose de se réchauffer chez lui. C’est vrai qu’elle était à côté.

    Quelques minutes après, elle est sur le seuil de sa maison. Elle n’ose pas vraiment entrer de peur de goutter de partout. Il lui prend la main pour la faire avancer. Il attrape une couverture et avec une douceur qui la surprend il ‘l’entoure pour la réchauffer.

    « Jocelyne n’est pas là ? »

    Tandis qu’elle se recroqueville sur une chaise, Bernard semble gêné par la question…

    « Jocelyne est partie…Elle veut prendre du recul ! Je ne suis pas dupe…Elle ne reviendra pas…Cela faisait quelques temps que notre histoire était terminée. Elle a rencontré quelqu’un…Et le ne supportait plus la campagne… »

    Elle frissonne aussi bien du froid que de l’émotion qui se dégage de son ami.

    Il voit qu’elle a froid.

    « Tu devrais prendre une douche chaude. Tu sais où est la salle de bains ! »

    Elle hésite un instant. Un réflexe lui fait penser que ce n’est pas très correct…Elle sourit et se traite d’idiote.

    « Merci Bernard »

    « Tu trouveras des grandes serviettes pour te couvrir dans le placard. Je ne peux rien te prêter de Jocelyne. Elle n’a rien laissé. »

    Elle se lève et part pour la salle de bains. Elle ne ferme pas le verrou. Elle a confiance dans cet homme…Confiance ou a-t-elle envie qu’il se passe quelque chose ? Elle se traite de folle !

    Elle se déshabille.

    Pose tous ses vêtements trempés sur le radiateur. Impression bizarre d’être nue dans une salle de bains étrangère à quelques mètres d’un homme qu’elle a toujours vu comme simplement un ami. Elle est troublée. Elle chasse de son esprit des pensés qui la surprennent.

    Elle s’installe dans la cabine de douche.

    L’eau chaude lui fait un bien fou. Elle laisse ses mains la parcourir pour réchauffer son corps. Elle doit se raisonner pour ne pas se faire du bien. Elle se demande ce qui lui arrive.

    Vite elle arrête l’eau. Se sèche et s’enroule dans une grande serviette. Elle regarde dans la glace et arrange comme elle peut ses cheveux en bataille…

    Elle sort retrouver Bernard. L’atmosphère de la pièce est chaude. Il a lancé un feu dans la cheminée et deux grandes tasses de thé fumant attendent sur la petite table. Elle vient s’asseoir à côté de lui. Trop près ! Elle s’amuse de se poser la question. Il n’est en rien menaçant…Au contraire…Ils se mettent à parler.

    Elle ose lui dire son ennui, sa solitude, les absences de plus en plus longues de son mari…Pour la première fois elle ose dire à un étranger sa quasi certitude. Il y a une autre femme !

    Elle le sait ou l’a deviné depuis quelques temps mais pour la première fois elle ose le dire. Elle laisse échapper quelques larmes.

    Bernard passe son bras sur son épaule pour la réconforter. Le geste est anodin, mais n’ayant que la serviette comme vêtement, ce bras est en contact avec sa peau nue.

    Bernard voit ce corps frissonner…

    « Tu as froid ? »

    Elle le regarde…Ils éprouvent le même trouble sans oser le formuler…

    « Non, pas vraiment, mais je crois que j’ai besoin que tu me serres dans tes bras »

    Il l’entoure de ses bras. Elle laisse ta tête s’appuyer contre lui.

    Ils ne parlent plus…Le silence est troublant, beaucoup plus que n’importe quelle parole.

    Il lui embrasse les cheveux…Sa main fait de petits cercles sur sa nuque…Gestes innocents…Juste pour être certain de ne pas se tromper…Elle tourne sa tête vers lui…Leurs regards se jaugent…Leurs bouches se rapprochent…

    C’est lui qui fait le dernier geste et vient effleurer ses lèvres.

    Elle ne minaude pas. Elle en a autant envie que lui. Leurs langues se découvrent, se livrent une première bataille.

    Ses mains à lui restent sages et n’osent pas encore partir en exploration.

    Pas elle. En l’embrassant elle ouvre les premiers boutons de sa chemise…finalement tous. Elle ose avec sa main effleurer la bosse de son jean.

    Elle ne se reconnait pas….

    Elle sait que son sexe est déjà trempé…

    Elle se lève…Bernard reste quelques instants surpris de cette fuite.

    Debout elle le regarde…Ses mains se portent sur le nœud de sa serviette…

    Elle la laisse tomber et se retrouve nue…debout devant lui.

    Elle aime ce regard qui la dévore…Bernard un peu tétanisé…

    Elle qui a toujours été un peu passive se sent très louve…Elle veut cet homme.

    Elle veut qu’il la prenne tout de suite. De manière animale !

    Elle qui déteste être soumise s’agenouille et se met à quatre pattes devant lui…

    « Viens »

    Bernard réagit et se débarrasse de ses derniers vêtements. Il approche sa bouche de ce corps…

    Elle le regarde….

    « Non…Prends moi tout de suite »

    Il pose son sexe au bord du sien…d’abord lentement pour être certain de son désir à elle…Elle recule son bassin pour s’empaler sur lui.

     Il n’hésite plus…Il la prend avec vigueur.

    Elle perd tout contrôle.

    Elle qui d’habitude met du temps, sait que son plaisir va jaillir !

    Maintenant il ne la ménage pas, et elle adore ! Elle commence à gueuler, à crier !

    Elle jouit à une vitesse qu’elle ne connaissait pas !

    Elle veut encore…Elle veut le sentir en elle…C’est elle maintenant qui donne le rythme ! Elle devine qu’il ne va pas tarder à l’inonder…

    Elle sent son plaisir remonter…elle l’attend ! Au moment il se répand dans son ventre elle s’abandonne à un nouvel orgasme !

    Ils s’effondrent tous les deux. Ils se regardent étonnés et heureux…

    « C’est la première fois que… »

    Elle lui fait signe de se taire… « Moi aussi ! »

    Il est assis par terre.

    Le feu crépite. Elle vient poser sa tête sur sa cuisse…Il lui caresse les seins qu’il n’a pas encore touché….

    Elle tourne la tête…Du bout de la langue elle vient lécher son sexe endormi.

    Elle lui redonne des formes. Elle s’étonne d’avoir encore envie.

    Elle vient s’asseoir sur lui…face à lui…Glisse sa main entre eux pour faire glisser ce sexe en elle.

    Ils s’embrassent…Se butinent avec leur bouche…

    La soirée ne fait que commencer…

  • Sclérose.

    Sclérose

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    Elle se lève comme tous les matins. Pourtant aujourd’hui les douleurs sont plus vives, plus aigües. Sortir de son lit est une épreuve. Elle se traine jusqu’à la cuisine, fait couler un café et ouvre la boite à pilules. Il y en a de toutes les couleurs.

    Elle se demande un instant si avaler toutes ces saloperies à un sens. Pourquoi continuer alors que chaque jour la maladie progresse dans son corps.

    Les médecins ont des formules pour amoindrir la vérité. La progression est stabilisée ! On dirait des hommes politiques qui parlent de la courbe du chômage. Ils vont me prouver par A plus B que je vais crever en bonne santé.

    On verra les cachets plus tard. D’abord un café !

    Elle voudrait le boire debout, comme ces femmes actives qui le font en consultant leurs mails, en corrigeant les devoirs des enfants et en planifiant leur repas du soir…Pour elle chacune de ces étapes est une montagne qu’il faut escalader…Plus envie de se battre…

    « Bonjour maman »

    Sa petite tête brune est là auprès d’elle et l’embrasse. Elle a huit ans et elle sait déjà soulager sa maman de bien des tâches. Elle n’attend pas que sa maman bouge pour préparer son petit déjeuner…

    « Tu veux une tartine maman ? »

    « Merci ma chérie, et passe-moi la boite avec les médicaments ! »

    En une phrase sa fille vient de lui donner l’envie de continuer. Elle ne peut pas l’abandonner maintenant. C’est trop tôt.

    Avec application elle ingurgite ses cachets…

    « Maman je vais prendre ma douche »

    « Je me repose un peu sur le canapé. Si tu as besoin de moi, appelle-moi »

    Sa fille disparait avec un sourire. Ce sourire lui fait mal. Son enfant a déjà compris que la plupart du temps c’est elle qui a besoin d’elle. Toutes ces journées ou les forces l’abandonnent. Elle a huit ans et c’est souvent elle qui gère l’essentiel !

    Affalée sur le canapé elle ferme les yeux quelques instants…

    Elle voudrait juste quelques semaines retrouver sa vie d’avant…Se lever d’un coup de son lit, courir sous la douche, faire mille choses à la fois…Se donner sans retenue à cet homme qu’elle aimait…

    Il est parti. Par lâcheté ! Pourquoi l’accabler ! Elle ne le supportait plus de toute façon ! Le voir s’activer dans tous les sens avec sa forme insolente…Elle avait fini par faire de lui son souffre-douleur, comme s’il était responsable de son état…

    Il n’est jamais très loin. Il s’occupe très souvent de la petite, lui rend mille services sans en avoir l’air…Elle sait qu’il est là avec une tendresse discrète…Mais la nuit, c’est une autre qui se glisse dans ses bras. Une femme entière, en bonne santé…

    Elle aussi elle pourrait trouver quelqu’un. La maladie ne lui interdit pas l’amour…

    Mais comment se donner avec son corps quand celui-ci vous trahi ? De plus en plus elle s’éloigne de lui. Son esprit vagabonde loin de cette chair, de ces muscles ! 

    Quand elle ferme les yeux, elle devient libertine…Elle se fabrique des histoires folles, des audaces inavouables. Elle est femme fatale qui avance vers un homme, elle affirme ses désirs, joue avec le corps d’un inconnu, crie de plaisir…

    Alors qu’elle ferme les yeux pour se plonger dans ses doux fantasmes, une douleur la traverse…Terrible piqûre de rappel. La bête est là qui somnole en elle. Au moment où elle pense qu’elle dort, d’un coup de griffes elle marque sa présence…

    Le café lui donne l’illusion de bien-être…Affronter une nouvelle journée…Une nouvelle bataille…

    Ne pas laisser cette saloperie gagner sans combattre…

    « Maman, c’est l’heure de l’école ! »

    « J’arrive ! »

  • Chambre 212

    Chambre 212.

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    Je suis arrivé le premier.

    Un hôtel sans charme dans endroit informel. Une zone comme il en existe trop.

    Il y a maintenant des semaines que nous flirtions comme des adolescents qui ont peur de se faire surprendre par leurs parents.

    Des endroits toujours loin de chez toi, chemins de campagne.

    Tu me parlais beaucoup. On s’embrassait…

    C’était la première fois qu’un autre homme que ton mari te serrait dans ses bras depuis votre mariage il y a vingt ans…

    Tu avais aimé cet homme plus que tout.

    La vie avait usé votre histoire.

    Des corps qui ne se reconnaissent plus, des mots vides de leur sens.

    Un jour tu avais découvert qu’il te trompait. Blessée au début tu avais fini par trouver cela presque normal.

    Votre lit ne dansait plus depuis longtemps, alors où était le crime ?

    Il ne cherchait pas à t’humilier, il restait discret.

    Votre vie quotidienne était douce. Pour tous, un couple sans histoire.

    Cela faisait cinq ans que l’on se connaissaient.

    Deux collègues de bureau parmi tant d’autres.

    J’aimais te regarder.

    J’aime laisser mes yeux se promener sur une jolie femme. Aucune raison pour moi de tenter quoi que ce soit pour te séduire. Tu me semblais une femme mariée épanouie et heureuse. Je n’avais pas envie de bousculer ton harmonie.

    Il a suffi d’une circonstance…

    Il y avait un pot organisé à la boite pour fêter Noël. Comme souvent à cette période de l’année, une grève des transports était annoncée. Notre DRH avait demandé à ceux qui le pouvaient de raccompagner les collègues. En consultant les personnes cherchant une voiture et habitant vers chez moi, j’ai la surprise de voir ton nom. Immédiatement je t’envoie un petit mail pour te dire que tu peux profiter de la soirée, je me ferais un plaisir de et déposer.

    Même si je n’avais aucune arrière-pensée, la perspective de te ramener à ton domicile au milieu de la nuit me procurait réel plaisir…

    18 décembre…Tout le monde se retrouve dans cette grande salle, un peu impersonnelle mais décorée pour la circonstance.

    Je te repère rapidement.

    Je te confirme en trinquant que je suis ton taxi du soir…

    Et puis nous voguons de groupes en groupes. J’ai tout de même noté que tu es particulièrement élégante ce soir. Une robe noire, sage mais fermée par nombre de petits boutons…

    La soirée s’est écoulée dans la bonne humeur. On se croisait de temps en temps.

    Vers 1 heure tu es venue me voir pour savoir vers quelle heure tu voulais partir. La salle se vidait et je t’ai donc proposé de rentrer. Le temps de récupérer ton manteau, nous étions dans ma voiture.

    Je savais que nous en avions pour environ une demi-heure, je conduisais doucement. Notre conversation était agréable, banale au début, elle était devenue très vite plus personnelle.

    Moi qui te croyais heureuse, je devinais que tu n’étais pas pressée de rentrer.

    Le temps est passé très vite. Je me suis garé devant ton adresse. Aucune lumière dans cette ruelle calme.

    Je pensais que tu allais très vite regagner ton foyer. Au lieu de cela, tu n’as esquissé aucun geste pour descendre de la voiture et notre conversion s’est prolongée…

    En si peu de temps je venais d’en apprendre plus sur toi que pendant des années de conversations de machines à café…

    La nuit était particulièrement douce pour la période. Nous étions dans la voiture depuis maintenant deux heures. Nous étions bien. Avec une complicité dans nos mots que l’on ne pouvait imaginer quelques heures plus tôt.

    Tes yeux se fermaient tous seuls…Il était temps d’aller dormir. Je t’ai proposé de passer te prendre lundi matin pour faire la route ensemble.

    Nous en avions autant envie l’un que l’autre. En descendant de voiture, naturellement tu t’es penchée pour me faire la bise…

    Comme par accident ta bouche a effleuré mes lèvres. Cela nous a déclenché un fou rire nerveux. Une façon comme une autre de camoufler notre délicieux trouble…

    En te regardant traverser la rue, pour la première fois j’ai pris conscience que je te désirais…

    Au moment de rentrer chez toi, tu t’es retournée pour m’envoyer un petit baiser de la main…

    J’ai mis plusieurs minutes à démarrer. 

    En arrivant chez moi j’avais un texto de toi…

    « Vivement lundi... »

     

    Notre covoiturage est devenu quotidien. Rien ne changeait au bureau mais nous avions notre intimité à nous.

    Je bénissais les bouchons. Nous savions tous les deux que notre amitié naissante était pleine de sous-entendus et d’envie…Aucun de nous deux ne semblait vouloir rompre le charme de nos bavardages à bâtons rompus.

    Tu m’as expliqué que ton couple n’était plus que de façade, que l’érosion du temps avait été cruelle.

    Si les voyages du matin étaient courts, ceux du soir sont devenus de plus en plus longs… Nous avons trouvé des endroits pour nous arrêter…Des petits bars perdus pour boire quelque chose de chaud quand la température l’exigeait.

    Je trouvais les w.e. très longs.

    Ma dernière compagne était partie depuis des mois et je tournais comme un lion en cage attendant notre lundi matin.

    Un soir, nous étions à l’écart de la grande route…Nous étions en train de rire. Cela nous arrivait si souvent des dernières semaines.

    Je n’ai pas résisté…

    Alors que tes yeux pleuraient de rire, je suis venu coller mes lèvres aux tiennes…

    Tu ne m’as pas rendu mon baiser…

    Tu es restée quelques secondes immobiles, sans un mot…

    Détachée de moi…

    Je me maudissais d’avoir tout gâché.

    Je cherchais les mots pour m’excuser…

    « Je suis désolé… Je te demande… »

    Elle a mis son doigt sur ma bouche…

    « Chut »

    Elle a recommencé à sourire…

    « Embrasse-moi ! ».

    Les semaines qui suivirent ne furent que baisers et entre nous.

    Nous avions la même complicité qu’avant dans nos mots, mais maintenant nos heures volées se passaient enlacées.

    Mes mains parcouraient son corps sans pouvoir la dénuder.

    Quand je lui disais que nous pourrions aller chez moi, elle me répondait qu’elle n’était pas prête, que je devais faire preuve de patience…

    Un soir avant de descendre de ma voiture tu m’as demandé…

    « Tu peux prendre ton après-midi après demain ? »

    Sans même consulter mon agenda je t’ai répondu oui…

    Tu m’as tendu la carte d’un hôtel… 

    « Réserve une chambre ! »

    Avant même que je réagisse, tu disparaissais dans l’allée de ta maison.

    J’étais surpris.

    Il s’agissait d’un hôtel d’une zone industrielle à l’autre bout de la ville. Moi qui rêvait de t’accueillir chez moi pour notre première fois, j’étais désarçonné.

    Pourquoi ce choix ?

    Dès le lendemain je réservais une chambre…Même si je souhaitais la plus belle de l’hôtel, elles étaient standard, fonctionnelles !

    Dans la voiture, je tentais de te faire changer d’avis.

    Rien à faire !

    Tu voulais commettre l’adultère ainsi…

    Devant ma tête désabusée…Tu te mis à rire…

    « Si tu as encore envie de moi après, nous irons chez toi ! Accepte ce petit caprice »

    Pour toute réponse je l’embrassais avec fougue…

    « A demain ».

    Nous avions convenu d’arriver séparément à l’hôtel.

    Je me débrouillais pour arriver le premier, récupérer la carte.

    Dix minutes avant l’heure du rendez-vous, j’étais dans la chambre.

    Je lui envoyais un message.

    « Je suis arrivé, je suis dans la chambre 212. Deuxième étage. Je t’attends »

    Les minutes qui suivirent me parurent interminables…

    Je n’aimais pas cet endroit et j’avais peur qu’il détruise que qui était en train de naitre entre nous. Derrière la fenêtre, je surveillais l’arrivée de ta voiture…

    Quand tu t’es garée, j’ai su qu’on ne pouvait plus reculer.

    Je t’ai regardé descendre de ton véhicule.

    Tu t’étais changée et avait enfilée cette robe noire…Nous en parlions souvent.

    Tu savais que je rêvais souvent de défaire tous ces petits boutons…

    J’attendais maintenant derrière la porte de la chambre que tu frappes…

    J’ai entendu ton pas…Trois petit coups. Tu étais devant moi…

    Tu es entrée sans un mot, tu as déposé ton sac et ta veste et tu es venue te réfugier debout dans mes bras.

    Ta tête sur mon épaule.

    Comme pour te rassurer.

    Je t’ai embrassé dans le cou, des baisers d’effleurement. Je savais que je devais rien précipiter.

    Mes mains sont descendues le long de ton dos, c’était plus fort que moi…

    Une envie irrésistible de caresser ton corps, de le découvrir…

    Tu t’es écartée de moi…

    Toujours habillée, tu as enlevé tes escarpins. Je te regardais tétanisé…

    Tu t’es allongée sur le lit. Ta robe noire sur ce lit blanc !

    Tu m’as fait signe de venir t’allonger près de toi et tu es venue te coller contre moi.

    Il n’y avait rien de sensuel dans ton geste, plutôt l’impression d’une petite fille qui cherche un abri dans des bras sécurisants.

    J’ai posé ma bouche sur ton visage, sur ton front, sur tes paupières.

    Tes yeux étaient fermés. Je me demandais même si tu n’étais pas en train de t’endormir…

    Et puis…

    Tes larmes ont commencé à couler…Très lentement…

    Je ne savais pas quoi dire.

    Je me suis un peu écarté de toi pour te regarder…

    Je suis venu embrasser tes larmes et poser un baiser sur tes lèvres…

    « Tu veux t’en aller ? »

    Tu as ouvert les yeux…

    « Surtout pas ! Laisse-moi le temps »

    « Explique-moi tes larmes ? »

    « Je ne sais pas. J’ai envie de me donner à toi…Je croyais que ce serait plus simple. »

    J’allais parler mais elle m’a fait signe de la laisser terminer.

    « Quand je me suis mariée, j’étais persuadé de ne plus connaitre que lui jusqu’à la fin de mes jours…J’étais une idéaliste. Quand j’ai compris qu’il allait voir ailleurs, j’ai décidé longtemps de lui rester fidèle malgré tout. Mais voilà tu es entrée dans ma vie et toutes mes certitudes ont volé en éclats…Embrasse-moi ! »

    Ce baiser a été particulier, comme si d’un seul coup ces derniers scrupules s’envolaient.

    Toujours allongés, elle m’a fait rouler sur le dos tout en continuant de me dévorer la bouche…

    Elle s’est redressée, assise sur moi.

    Elle a soulevé ses bras pour détacher ses cheveux. Libres ils sont devenus crinière !

    Mon excitation grandissait et avec sa position elle ne pouvait l’ignorer.

    Elle a pris mes mains pour les poser sur son buste…

    « Depuis le temps que tu as envie de défaire ces boutons »

    J’ai respiré un grand bol d’air pour ne pas aller trop vite, surtout profiter de cet instant magique…

    Un…

    Un autre…la lisière de ses dessous…encore un…le galbe de ses seins…bientôt son ventre sous mes yeux…Les derniers…

    Elle enlève sa robe maintenant déboutonnée…

    Elle se lève sur le lit…Debout, les jambes écartées au-dessus de moi !

    Elle me regarde…

    « Ne bouge pas »

    Très lentement elle fait glisser la soie sur ses seins…Je les vois pour la première fois. Leurs pointes déjà dressées…

    « Ne bouge pas »

    C’est maintenant sa culotte brésilienne qui glisse le long de ses jambes…

    Une vue magnifique sur son sexe camouflée sous quelques jolis poils…

    « Ne bouge pas »

    Elle est nue au-dessus de moi encore totalement habillé…

    Elle avance toujours debout…

    Ma tête est maintenant en dessous d’elle. Je devine déjà l’humidité de sa vulve…

    « Ne bouge pas ».

    Mes mains s’élèvent vers ses jambes…

    « Non, ne bouge pas »

    Elle commence à se baisser et son sexe vient se poser sur ma bouche.

    « Fais-moi jouir avec ta bouche ! J’en ai envie depuis notre premier baiser ! »

    Après quelques secondes de surprise, mes mains se posent sur tes hanches…

    Ma langue vient gouter ce festin de roi…

    Pour la première fois je peux boire à ta source…

    Je veux que ton plaisir soit complet…

    J’essaie d’apprendre très vite ton rythme, tes désirs…

    Ma langue se fait lente…Rapide… légère ou profonde…

    Avec délicatesse je viens suçoter ton bouton…

    Tes gémissements me prouvent que je suis sur le bon chemin…

    Sans le vouloir vraiment tu commences à danser sur mon visage.

    J’aperçois tes seins qui échappent à tout contrôle…

    Je ne lâche rien !

    Je veux te faire jouir totalement, que ce plaisir soit total pour toi…

    Ce ne sont plus seulement des gémissements qui sortent de tes lèvres, mais un chant…

    Pendant quelques secondes, tu restes silencieuse comme si tout était en suspend…Puis un cri…

    Ton sexe explose en jets et mon visage est noyé sous cette douche nouvelle…

    Tu t’effondres en travers du lit…

    Seulement secouée par des tremblements qui te traversent. 

    Je te regarde…

    Ma main effleure ton corps.

    Après quelques secondes tu ouvres les yeux…

    Ta main à tâtons prend conscience du lit trempé…

    « C’est moi qui… »

    « Oui, tu as explosé ! »

    « Je suis désolée…Pardonne moi » 

    Je viens te prendre dans mes bras…

    « Tu n’as rien à te faire pardonner, c’était génial de te voir jouir ainsi »

    « Je ne savais pas que cela pouvait être aussi intense »

    Tu réalises que je suis toujours habillé.

    Ma chemise totalement trempée de ton jus. Tu éclates de rire !

    « Mon cœur, je suis égoïste »

    Je te regarde dans les yeux…

    Tu veux vraiment que l’on reste ici ? Chez moi, il y a une grande baignoire, du champagne au frais et mes draps sont changés…

    Tu glisses ton visage dans mon cou…

    Tu relèves ton visage…Avec un grand sourire…

    « Allons chez toi ! J’avais besoin de passer par cet endroit…

    Comme une façon de tourner la page entre mes deux vies »

    Je me lève et te tend les mains pour te lever.

    Tu vas pour ramasser tes vêtements pour t’habiller. J’arrête ton geste. Laisse-moi faire.  Je trouve très troublant de reboutonner les boutons de ta robes…Un par un…

    Tu me fais remarquer que j’ai oublié tes sous-vêtements…

    Je suis distrait…En as-tu besoin ? Ils seront bien dans ma poche. Nous n’allons pas loin…

    J’ouvre la porte de la chambre pour sortir…

    Avant de passer le seuil de la chambre 212, tu regardes une dernière fois l’endroit.

    Tu laisses dans ce lieu sans âme une partie de toi, un chapitre de ta vie…

    Je claque la porte…

    Maintenant nous avons tout notre temps.