Articles de fdubost
-
Putting Green
- Par fdubost
- Le 12/05/2015
- Dans Poèmes, textes, billets d'humeur.
- 0 commentaire
Putting Green
Appuyés sur leur canne de golf, ils regardent au loin
Surveillant du coin de l’œil leur berline allemande
Parlent affaires assis sur la terrasse du club house
Se sentent bien, rassurés au sein dans ce cénacle.
Ils pourraient pourtant profiter de leur argent.
Faire ce qu’ils veulent, jouir de cette totale liberté.
Pourtant ils préfèrent faire comme tous les autres
Lacoste posé sur le cœur, Ray-Ban sur les yeux
Combien parmi eux s’ennuient sur le green
Figure imposée de cette brillante réussite sociale
Regardent en cachette à la télé onze gars et un ballon
Mais voudraient réussir un Birdie et un jour l’Albatros...
Tant d’années d’efforts et de travail pour cela.
Pour ce plaisir subtil de savoir sortir d’un bunker.
Rapporter la carte score qui fera d’eux le héros
La rendre sous le Par, orgasme absolu du golfeur.
J’aime ce théâtre à ciel ouvert, comédie humaine.
Les enfants jouent n’importe où avec un gros ballon
Les modestes lancent des boules de fer sur le sable
Les fortunés frappent dans une balle minuscule
A tous les âges de la vie, l’homme a besoin de jouer
Peut-être pour oublier qu’il reste face aux femmes
Grand ou petit un petit garçon souvent maladroit
Et que souvent il ne sait pas vraiment les aimer
-
Un départ
- Par fdubost
- Le 11/05/2015
- Dans Poèmes, textes, billets d'humeur.
- 0 commentaire
Un Départ
Ils rentrent dans l’hôtel, le luxe est partout
Le portier se précipite, ils ont peu de bagages.
Semblent un peu perdus, au milieu de ce hall
Sont si différents de cette foule de privilégiés
Quatre-vingt-onze printemps pour ses cheveux blancs
Quelques mois de moins, pour cette femme qu’il aime
Ils découvrent leur chambre, osent à peine entrer.
Les gens biens ont souvent peur de salir les tapis.
Ce soir ils mangent au sein de cette salle
Ils se regardent en silence, intimidés et émus
L’amour passe encore dans leur yeux, font envie.
Ils picorent leurs assiettes, repas du soir léger.
Quand ils quittent le lieu, les regards les suivent
Il est encore tôt, remontent dans leur chambre
Chemise de nuit pour elle, pyjama pour lui
Une boite de cachet posé de part et d’autre du lit
Le matin, personne ne les voit descendre déjeuner
On s’inquiète, on frappe, on enfonce la porte
Ceux qui sont là se figent, allongés main dans la main
Un départ désiré, un courrier posé devant la télévision.
C’était il y a quelques semaines, des amoureux partaient
Dernières économies, évasion en douceur et dans la soie
Certains crient au drame, je suis heureux pour eux
Deux mains serrées et unies, pour un dernier voyage.
-
Une course de haies
- Par fdubost
- Le 09/05/2015
- Dans Poèmes, textes, billets d'humeur.
- 0 commentaire
Une course de haies
A dix-huit ans je ne voyais pas mes vingt ans
Cela me paraissait si loin, colline éloignée
Cependant par un matin banal, j’ai passé le cap
J’avais vingt ans et je ne voyais pas la différence.
A vingt-cinq ans, je ne croyais pas arriver à trente
Mais j’y suis parvenu et j’avais une enfant dans les bras
J’avais changé de grade, j’étais un chef de famille
Et pourtant je n’avais pas vu les années passées.
Pas de souvenirs de trente-cinq ans, quelle peur j’avais !
Les deux filles étaient là, je me sentais responsable
J’étais persuadé de devoir les abandonner avant quarante
C’est terrorisant l’idée de ne pas accompagner ses enfants.
Bientôt cinquante ans. Ils me semblent encore impossibles
Pourtant aujourd’hui je suis plus philosophe, peu d’importance
Elles sont grandes, volent de leurs propres ailes, soulagement !
Sentiment du devoir accompli ! Juste les accompagner.
Ou s’arrêtera cette route ? Eternelle question sans réponse
C’est pourtant quand on attaque la fin de la course
Que les foulées semblent plus légères, plus souples
Moins indispensable pour les autres, ne pas devenir une charge !